Contrairement à la conception souvent partagée, le harcèlement n’est pas une relation entre un ou plusieurs individus coupables et une victime. Il s’agit au contraire d’une relation à trois protagonistes : le ou les auteurs des violences, leur cible et le public. Sans la compréhension du rôle du public, il n’est pas possible de bien saisir les mécanismes du harcèlement, et dès lors de le prévenir ou d’y réagir.

Le harcèlement sur Internet est un phénomène doublement alarmant. Il est alarmant parce que notre époque voit une recrudescence des comportements de rejet des jeunes entre eux. Il l’est également parce que les relations virtuelles se caractérisent par une distance croissante entre les personnes et dès lors par une plus grande facilité à développer des comportements violents et déshumanisant.

«"C’est un harceleur ", «"C’est du harcèlement ", "J’ai été harcelé(e)"... Nombreuses sont les situations où les acteurs dénoncent une situation de harcèlement, sans que ce ne soit forcément le cas. Attention! Il est bien des situations où il y a des violences graves sans que ce soit pour autant, techniquement, du harcèlement. Pour y voir plus clair, définissons donc plus précisément le concept.

Un élément structurel essentiel des mécanismes de harcèlement est la manière dont, dans une école, existe une culture de la distance entre les élèves et les professionnels. Même s’il y a de nombreuses exceptions, la tendance générale de l’école est en effet d’amener à une sorte de « fossé relationnel » entre les jeunes d’un côté et les multiples profils d’adultes qui s’adressent à eux.

Les relations de harcèlement se déploient systématiquement dans les silences des institutions et lieux de vie. C’est parce qu’il y a silence du public que les auteurs continuent d’agir. C’est parce qu’il y a silence entre les protagonistes et l’autorité que le harcèlement touche autant de jeunes sans être réellement géré.

Travailler le cadre et les règles est le premier axe du projet de l'école citoyenne. C'est aussi une excellente base pour prévenir les dynamiques de harcèlement.

Dans la lutte contre le harcèlement, "moins on utilise le mot, plus on est efficace". Ce paradoxe est lié au fait que la compréhension du mot dans le sens commun est en fait assez éloignée de sa dynamique réelle.

Parce qu’il s’appuie sur la culture du silence et de la distance, le harcèlement est forcément difficile à détecter. En plus de cela, ces manifestations plus ou moins visibles ne sont pas « claires ». Elles peuvent tout aussi bien témoigner d’une situation de harcèlement que de quelque chose de tout à fait différent. C’est notamment pour cette raison que, pour lutter contre le harcèlement, il est préférable de mettre en place des stratégies bien plus générales pour réagir aux différents problèmes.