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Contrairement à la conception souvent partagée, le harcèlement n’est pas une relation entre un ou plusieurs individus coupables et une victime. Il s’agit au contraire d’une relation à trois protagonistes : le ou les auteurs des violences, leur cible et le public. Sans la compréhension du rôle du public, il n’est pas possible de bien saisir les mécanismes du harcèlement, et dès lors de le prévenir ou d’y réagir.
L’auteur du harcèlement est celui ou ceux qui font preuve de violence à l’égard d’une cible. Chez le ou les auteurs, la violence n’est pas recherchée pour elle-même. Elle est un moyen pour trouver une place dans le groupe. En général, les auteurs ne sont donc pas des personnes "méchantes" et qui manqueraient fondamentalement d’empathie. Ils sont dans une manière de prendre leur place dans le groupe par l'agression et, dès lors, dans un mouvement qui va à la fois banaliser la violence et mettre au second plan l’empathie pour la victime.
N’importe qui peut-être la cible du mécanisme de harcèlement. Il peut s’agir d’une personne a priori fragile, ou pas. Il peut s’agir de quelqu’un qui a précédemment été auteur, ou qui le deviendra ensuite. Dans tous les cas la victime est quelqu’un qui vit un processus répété de violences et qui ne voit pas comment en sortir. De ce fait, les victimes sont quasi toujours dans des processus de « mort douce », des dynamique par lesquelles elles réagissent de moins en moins aux violences vécues et les endurent dans le silence. Pour plus d'information sur les processus de mort douce, clique ici.
Le public d’une dynamique de harcèlement est constitué des personnes qui semblent être passives mais au "regard" desquelles les auteurs vont agir. En fait, d’une certaine manière, le public agit toujours puisque son regard a un rôle essentiel dans la situation : il confère au(x) auteur(s) leur place dominante dans le groupe. Par ailleurs, toute non-action est une forme d’action. Enfin, le public est d’une certaine manière toujours dans une sorte de dilemme : il ne voit pas comment agir ou pense que ce serait inutile. Dans un processus de harcèlement, il est fréquent qu’une ou plusieurs personnes passent du statut de public à celui d’auteur, ou à celui de victime.
