La facilité de circulation d’images impudiques est un élément qui permet de comprendre toute la difficulté des questions de pudeur sur le Net. Un autre élément est le risque de véritable buzz que des photos ou vidéos postées pourraient provoquer, entrainant dans leur sillage des atteintes énormes à la réputation de jeunes garçons, et surtout de jeunes filles.
À cela, il faut encore ajouter que, une fois publiées, les photos et vidéos sont souvent difficiles à effacer toutes (elles seront à jamais accessibles pour certaines firmes privées). Cela rajoute encore à la tension car l’enjeu est souvent de long terme.
Encore plus qu’hier, les écoles doivent donc régulièrement composer avec de gigantesques enjeux d’image des jeunes. Ce travail bénéficie fortement de moyens de prévention car, en la matière, lorsque le post est envoyé, il est souvent trop tard. En faisant de l’éducation aux médias en classe, en prévenant les risques sociaux et légaux, en montrant les manières de protéger ses données, on donne aux jeunes de nombreuses possibilités de ne pas s’exposer.
Mais, que l’on ait prévenu ou non, il arrive que le mal soit fait, et il est alors nécessaire de faire un travail avec le groupe. Le minimum à ce niveau est qu’une démarche éducative soit mise en place, éventuellement en lien avec des associations spécialisées en EVRAS. Les questions légales, et en particulier le partenariat avec la police sont ici à nouveau les bienvenus.
Cela dit, en matière d’attentat à la pudeur, l’enjeu majeur est la réintégration de la personne dont l’image a été entachée. Contrairement à la plupart des autres réparations, ce genre de cas ne permet pas toujours un retour réussi dans le groupe. Selon la « gravité de l’attentat », la diffusion des images, la tolérance du public de l’école aux questions de pudeur et la personnalité de l’élève, il s’agit à chaque fois de faire un choix : soit accompagner la (ou le) jeune dans une transition vers une autre école, soit contribuer à sa réintégration dans le groupe.
Si l’idée est de rester, il est fondamental de déployer un dispositif conséquent pour viser la réintégration. Il arrive que l’élève n’ait rien fait, victime d’un montage ou d’image qui suggèrent à tort sa personne. Lorsque c’est le cas, il est possible faire un travail dans chaque classe pour rétablir la vérité, dénoncer la manipulation et rétablir la (ou le) jeune injustement pointé(e). Lorsque l’école a mis le système en place, s’appuyer sur les délégués ou les grands frères est ici souvent précieux. Dans tous les cas, ce travail est d’autant plus efficace que l’école s’est donné du temps pour faire un travail éducatif.
Si à l’inverse, la personne apparaît bien sur les images, la situation est clairement plus délicate. Cela ne veut pas dire qu’il faille forcément partir, mais la charge que devra supporter la (ou le) jeune sera clairement plus importante. Il sera essentiel d’être en soutien pour qu’elle le vive au mieux. C’est pour cette raison que, dans ce genre de situation, la possibilité d’accompagner un départ est à envisager. Cette perspective n’enlève pas des enjeux comme celui de sécuriser d’abord toutes les données, ni celui de préparer la (ou le) jeune a devoir à nouveau faire face à des personnes au courant. Dans certains cas, cela permet néanmoins de prendre un nouveau départ, dans un nouveau contexte, et avec de nouveau camarades.
Que l’on envisage un départ ou non, envisager ici une réparation est fondamental. Comme il s’agit de faits graves, il est en effet nécessaire qu’il y ait une réparation publique et que cette réparation fasse passer un message. Comme pour tous les autres faits graves, se débarrasser de de la situation par un « simple renvoi » peut en effet avoir pour conséquence de ne délivrer aucun message éducatif réel aux élèves.
Écoles Citoyennes