Un site construit par les Ambassadeurs d’Expression Citoyenne - Illustrations : Martin Grand
C’est un argument qui consiste à caricaturer la position adverse pour la tourner en ridicule. Ex : - Ouvrir les frontières de l’Europe, c’est un peu comme si vous décidiez d’accueillir toute votre classe pour dormir dans votre chambre. - La théorie de l’évolution, c’est un petit peu comme si vous disiez que mon grand-père était un gorille.
Le ressort est de nouveau profondément humain. D’un côté il est difficile de prendre au sérieux quelque chose dont on vient de rire. De l’autre rire fait du bien, et l’on est spontanément tenté d’épouser la cause de celui ou celle qui nous a ainsi amusé. L’appel au ridicule permet de la sorte de gagner sur les deux tableaux : il donne du crédit à l’auteur tout en discréditant sa cible.
Y répondre est par conséquent de la plus haute importance, et cela peut se faire de plusieurs manières. Il est d’abord possible de rire soi-même de la caricature proposée. Cela montre l’image de quelqu’un d’ouvert, qui a de la remise en question et qui, surtout, ne prend pas vraiment l’attaque au sérieux puisqu’il en rit. Il peut aussi être possible de contre-caricaturer en tentant de rire à son tour de la position de l’adversaire. Cette réaction en miroir a un côté « œil pour œil » qui peut déplaire, mais elle est la plupart du temps assez rentable.
Dans un cas comme dans l’autre, il est fondamental de ne pas s’arrêter là et d’inviter ensuite à sortir de l’humour pour revenir à la vraie question. En prenant ainsi de la hauteur, le contradicteur est implicitement réduit à la condition d’agresseur et de comique, bref à une position qui prendra elle le discrédit qu’elle voulait initialement envoyer sur vos idées.
En réponse à l’argument du gorille ci-dessus, il ainsi possible de rire et ensuite de répondre :
Mais mon grand-père était un gorille! (si vous l’aviez vu). En tous cas nous avons tous une part d’animalité qui fait que, par rapport aux singes comme à d’autres animaux, nous avons comme une relation de cousins. Car c’est bien là la question. Si nous sommes différents du règne animal, nous n’en sommes pas pour tant profondément éloignés. Et l’intelligence humaine consiste précisément à comprendre tous le processus d’évolution qui nous a conduit à cette situation.
Ou bien :
Refuser l’évolution, c’est un petit peu comme croire qu’Adam et Eve ont été créés avec un téléphone en main et une connexion Internet pour mieux comprendre le jardin d’Eden. Enfin! Soyons un peu sérieux et revenons à la question : si l’homme est doué d’intelligence, quelle est en même temps sa part d’animalité?
