Le cerveau reptilien est la partie la plus centrale. Sa question est "suis-je en danger?" et, si la réponse est "oui", c'est lui qui prend en charge la situation et sa réaction est instinctive, donc immédiate. S'il ne décode pas de danger, le reptilien cède donc la place, au cerveau mammifère ou un néocortex. Si à l'inverse il y a insécurité, il rentre dans le bal et a plusieurs réactions possibles pour répondre à cette enjeu de survie.
La première réaction du reptilien consiste à décoder qu'il est possible de survivre au danger et de passer pour ce faire en mode "combat". Neurologiquement, cela se traduit par une montée d'adrénaline dans le corps, essentiellement au niveau des organes et des muscles. Cette montée d'adrénaline décuple donc nos capacités, permettant de cette manière de mener le combat le plus efficacement possible. Parallèlement, notre cerveau va envoyer de la noradrénaline en surface de notre corps. Cette hormone aura pour conséquence que nous sentirons moins les coups. Pour le reptilien, passer en mode "combat" est donc bien efficace puisqu'on a davantage de force et qu'en même temps on sent moins les coups. Ce mode nécessite cependant des moments de repos (du guerrier). Lorsqu'on enchaine les combats sans discontinuer, le mode "guerrier" fait bien souvent place à celui du burn-out.
Lorsqu'une personne (un élève par exemple) crie, tape, insulte ou dégrade en public, on a en général tendance à y voir un problème, quelque chose à éviter. En général, on ne se rend pas assez compte que l'on est face à une personne qui est en mode combat et qui, souvent maladroitement, cherche en fait une solution, croyant inconsciemment qu'il y a moyen de "gagner". C'est pour cette raison que les violences inter-individuelles sont en fait quasi toujours des opportunités. Elles sont l'expression de modes "combat" sur lesquels il y a moyen de rebondir. Puisque la personne violente cherche une solution, il est en fait souvent possible de l'aider à la trouver par un autre biais.
Si le combat est les violences qu'il génère sont souvent un problème, il y a cependant bien plus préoccupant dans la seconde option de notre cerveau reptilien : la mort douce. Dans cet autre scénario, nous comprenons instinctivement que nous allons perdre et nous nous y préparons. Plutôt que de produire de l'adrénaline, notre cerveau n'envoie dès lors plus que de la noradrénaline, et cette fois en doses plus importantes. Cela entraine des cycles de fatigue, de déprime, de dépression, voire des tendances à l'autodestruction. La mort douce est aussi une réaction naturelle puisqu'elle nous prépare d'une certaine manière à mourir sans souffrir. Tout l'enjeu est qu'il n'y a pas que les situations extrêmes qui peuvent la provoquer. Agressions sur notre culture, notre familles, nos identités... bien des éléments nous font souvent basculer en mode "survie", avec le risque que nous choisissions inconsciemment de fuir la confrontation. C'est pour cette raison que, lorsque nous ressentons de la fatigue dans notre vie sans ce que cela n'apparaisse relié à nos heures de sommeil, nous pouvons toujours nous demander si cela ne serait pas dû à un combat à mener.
En tant qu'enseignants, éducateurs ou parents, nous avons souvent tendance à nous préoccuper davantage de ceux qui font du bruits et dont les modes "combats" nous apparaissent problématiques. Il est très important, sans les dénigrer, de faire encore plus attention à ceux dont le comportement se fait oublier, et qui masquent de ce fait une détresse bien souvent encore plus grande.
En plus du combat et de la mort douce, la théorie des trois cerveaux prévoit une troisième réaction à un danger : la fuite de peur panique. Nous n'aborderons cependant pas ici cette troisième option qui associe l'adrénaline du combat avec la fuite de la mort douce. Pour plus d'informations, se référer au livre de Dany Crutzen et Jacques Debatty : "Entre-prendre la violence à l'école : apprendre à réfléchir en communication de crise".
"Entre-prendre la violence à l'école - Apprendre à réfléchir en communication de crise" (Dany Crutzen et Jacques Debatty)