La seconde partie de notre cerveau est le "mammifère", aussi appelé limbique et qui est le siège de nos émotions. S'il n'y a pas de problèmes de sécurité, la question que se pose cette seconde partie est de savoir si nous avons notre place. Nous avons en commun avec les mamifère de vivre en communauté et c'est ce qui explique l'appellation. Attention! La question n'est pas ici de savoir si nous avons "la même place que les autres" (comme pour la question de l'égalité), mais bien de savoir si "nous avons une place", ce que ce soit donc la place du "leader", du "plus petit", du "clown" ou du "lieutenant" par exemple.
Tout comme le cerveau reptilien, le cerveau mammifère peut donc détecter un problème de place et, suite à cela, passer en mode "combat". Et, tout comme le reptilien, ce mode "combat" va se traduire par une montée d'adrénaline pour les fonctions dynamiques et de la noradrénaline en surface. Ce qui distingue le combat mammifère du combat reptilien est dès lors sa dimension rituelle. D'une certaines manière, le combat du mammifère est un jeu qui peut prendre différentes formes. Le but de ce combat n'est dès lors pas d'attaquer ou de se défendre, mais bien de voir qui est plus ou moins fort : il s'agit d'ordonner l'espace en présence.
Tous les sports et tous les jeux peuvent faire office de combat rituel, mais c'est également le cas de comportements comme celui des élèves qui, en début d'année, "testent" leur prof pour voir s'il gère bien sa classe. C'est aussi le cas de certains élèves qui "se battent à la sortie" pour savoir qui est le plus fort. C'est encore le cas lorsque, par rapport à l'un ou l'autre cours, les élèves cherchent à savoir "qui est le meilleur de la classe".
Dans une école comme dans n'importe quelle communauté humaine, les acteurs en présence ont besoin de ces confrontations rituelles pour que les espaces leur apparaissent "ordonnés" et qu'ils s'y sentent "à leur place". De ce fait, il est important de s'assurer que ces épreuves existent et qu'elles permettent de jouer leur rôle de la manière la plus respectueuse et bienveillante possible.
Face à un problème de place, il est également possible que nous n'ayons pas la possioblité (ou l'envie) de rentrer dans une confrontation mammifère. Lorsque c'est le cas, on dit qu'on "bascule en survie", ce qui veut dire que la situation passe d'un enjeu de "place" à un enjeu de sécurité. Le cerveau reptilien est alors mobilisé, avec ces deux possibilités que sont le "combat reptilien" et la "mort douce".
"Entre-prendre la violence à l'école - Apprendre à réfléchir en communication de crise" (Dany Crutzen et Jacques Debatty)