Cette fiche montre, à partir de l'exemple d'un néonazi, comment réagir aux extrémismes pour les faire évoluer.
Kimmie Åhlén travaille dans un centre de prévention de la criminalité à Värmland où il partage son expérience unique concernant les groupes extrémistes et enseigne aux éducateurs comment interagir avec des jeunes susceptibles d’être influencés par l’extrémisme violent, comme il l’a été.
En 2016, à New Delhi, le néonazi repenti participe à une conférence de l'Unesco sur la prévention de l'extrémisme violent. Il y parle de son surprenant parcours de vie et du rôle crucial de l’école, des parents et de la communication pour empêcher ce genre de dérive.
L’homme qui vit désormais dans une cabane sur les rives du Vänern a grandi dans un petit village, marqué parle chômage, la colère et les frustrations de ses 3000 habitants. Kimmie a baigné dans les discours racistes de son père : « les migrants sont des violeurs, des voleurs, des tueurs ». En primaire, l’enfant aux troubles de l’attention est victime de harcèlement incessant. Sans amis, sans identité et sans système de croyances, il se renferme sur lui-même jusqu’au jour où il tombe sur un CD du groupe de rock nationaliste Ultima Thule.Les paroles lui parlent énormément, elles disaient qu’il était un Viking, un descendant des rois et des dieux. Pour la première fois il se sent inclus. Il devient ainsi patriote, national-socialiste tout en ignorant la signification du nationalisme. À 12 ans, Kimmie intègre le Front National Socialiste. À14 ans, son crâne rasé et son uniforme de skinhead lui donnent le sentiment d’être quelqu’un. Plus tard, il quitte le lycée, se désocialise, plonge dans la drogue et cumule les délits.
En 2010, un ami lui propose la boxe pour apprendre à gérer sa colère. Il se retrouve alors dans une salle de boxe bondée de migrants et, à contrecœur, avec un Iranien musulman comme partenaire. Ce dernier est de nature à beaucoup parler et très vite Kimmie se met à parler aussi, les deux hommes finissent par devenir amis. Le skinhead réalise que son père avait tort, ce migrant voulait simplement une bonne vie entouré de sa famille et de ses amis, il ne correspondait en rien aux discours diabolisant de son enfance. Dans cette salle, Kimmie aura appris la boxe et la tolérance.
N’ayant pas totalement arrêté les délits, Kimmie passe par la prison pour vol, une professeure de suédois l’interroge sur sa manière de penser. Il se sent écouté et il est invité à se poser de plus en plus de questions pour parvenir seul à trouver les bonnes réponses. La maïeutique le mènera à la rédemption. D’ailleurs, l’ex-néonazi est persuadé que s’il avait eu un.e professeur.e à qui parler, qui l’aurait poussé à réfléchir sur ses idées et à construire un esprit critique, il n’aurait probablement pas emprunté le chemin de l'extrémisme.
Une fois la page du racisme tournée, Kimmie Åhlén va écrire sa vie et la lire aux jeunes. Aujourd’hui, il est engagé, préoccupé par la montée du populisme et clame l’importance de discuter de sujets tels que l’Holocauste et l’homophobie. Il se bat pour que chaque adolescent soit pris au sérieux, pour éviter l’exclusion et la dérive. Il encourage les gens et à se rencontrer et à s’écouter car lorsqu’on s’écoute, il n’est plus si évident de camper sur ses positions racistes.