Le procès est un jeu de rôles en même temps qu’une technique de débat.
Pour inviter les participants à approfondir une question, pour explorer les différents points de vue sur cette question, pour s’amuser aussi, c’est une activité qui demande un certain investissement (en temps de préparation comme pour son déroulement), mais qui peut se révéler très puissante.
Les départs en Syrie (ex ci-dessous), la peine de mort, l’avortement, le clonage, etc.
Mehdi est né à Bruxelles. Il perd son père à l’âge de 16 ans et se rapproche alors d’un copain de classe, Bilal, qui a également perdu son père. À deux, ils se mettent à fréquenter un homme de 40 ans du quartier, surnommé « Omar le sage ». Ce dernier les accompagne dans un chemin de réinvestissement de l’islam dans une version rigoriste mais pas encore violente. Il les implique aussi dans des actions caritatives et finit par les convaincre de partir en Syrie. Avec Bilal, Mehdi part donc à 17 ans et intègre les rangs de Daesh. Il y passe plusieurs mois, y est blessé et demande alors à sa mère de lui envoyer de l’argent pour se soigner. Une jeune fille, nommée Marie et rebaptisée Djamila, entre alors dans son histoire. Sur Internet, Omar le sage la lui a présentée. Elle souhaite le rejoindre pour se marier avec lui. C’est à ce titre qu’elle se présente à sa mère, qu’elle reçoit 1000 euros des mains de celle-ci et qu’elle les lui apporte en le retrouvant en Syrie. Mais la blessure de Mehdi ne s’arrange pas et il quitte finalement Daesh. Il est intercepté en Turquie, est expulsé et ensuite incarcéré à son arrivée en Belgique. L’animation vise à mettre en scène le procès qui l’attend ensuite.
Pour permettre une multiplicité de rôles, nous avons quelque peu tronqué le cadre d’un procès de correctionnelle en lui ajoutant des jurés, comme pour un procès d’assises. Afin de rendre la chose accessible, le déroulement du procès a en plus été ramené à une version très simplifiée.
Dans cette animation, les jeunes reçoivent d’abord une description du déroulement du procès ainsi que des fiches correspondant aux personnages qu’ils vont « incarner » : Président, procureur, avocat, jury, accusé, témoin… Dans un premier temps, ils se préparent individuellement ou par petits groupes, puis vient le moment du tribunal qui les voit interagir dans l’ordre proposé.
Le rôle de l’animateur consiste à « mener la danse », à insuffler la dynamique. En grand groupe, il explique d’abord les principes du tribunal ainsi que les rôles de ceux qui en sont les protagonistes. Il coache ensuite les élèves dans leur travail de préparation de leur personnages respectifs (travail individuel ou en petits groupes). Dans le déroulement des audiences, il assiste en spectateur bienveillant lorsque cela se passe bien, et intervient directement s’il le juge nécessaire à la réussite de l’activité. À la fin de chaque moment, il génère un temps de réflexion et éventuellement de débat pour permettre aux jeunes de « prendre de la hauteur » par rapport à ce qu’ils sont en train de jouer.
Dans cette optique, il est bon que l’animateur parvienne à être ni trop ni trop peu dirigiste. D’un côté c’est important de laisser de la liberté aux jeunes dans l’interprétation de leurs personnages : plus ils seront « dedans », plus l’activité sera efficace. D’un autre côté il ne faut pas non plus hésiter à mettre le déroulement en « pause », à intervenir pour aider l’un ou l’autre de manière à reprendre ensuite dans de bonnes conditions. C’est le cas lorsque certains participants ont besoin de s’ajuster dans leur rôle. C’est parfois aussi le cas si le fait de jouer l’accusé ou l’avocat (par exemple) met un jeune dans une position émotive difficile. Il se peut enfin que cette pause permette d’alimenter la réflexion sur ce qui se passe dans le procès.
Son rôle est de présider la séance en suivant le canevas du procès. Comme tous les autres, il peut s’aider de ses notes, voire les lire à certains moments. Il a aussi pour tâche de cadrer les différents intervenants s’ils s’écartent de leur rôle ou s’ils manquent de respect.
Ce sont des civils qui, dans une cour d’assise, vont répondre aux questions posées par le juge. Durant le procès, ils peuvent également poser des questions. Après les plaidoyers, ils se retirent pour délibérer et répondre aux questions que le juge posera.
Ce sont ceux qui défendent l’accusé. Par leurs questions comme par leurs plaidoiries, leur objectif est de montrer les éléments qui expliquent ou innocentent l’accusé.
C’est celui qui « attaque ». Au nom de la société, il cherche à appuyer sur les éléments qui font la culpabilité de l’accusé. Que ce soit lors des questions ou lors de son « réquisitoire », son objectif est de montrer que l’accusé est coupable.
C’est la personne incriminée, à qui on reproche les faits.
Ce sont les personnes invitées par la cour pour permettre de comprendre le contexte des faits, et dès lors de statuer sur la culpabilité ou l’innocence de l’accusé.
(25 à 50 minutes)
Dans cette étape, l’animateur explique le déroulement de l’activité, distribue les rôles ainsi que les fiches correspondantes fournies en Annexe. Il accompagne les jeunes dans la découverte et la compréhension de leur personnage.
La répartition des rôles peut se faire de différentes façons : selon les propositions ou de manière imposée. Dans tous les cas, il n’est pas inutile d’avoir en tête les profils des élèves en fonction des personnages à jouer. Avoir des jeunes calmes ou introvertis dans le rôle des jurés n’est ainsi pas un problème, alors qu’il est plutôt conseillé d’avoir la parole facile pour jouer le rôle du président. Les avocats et procureur ont un rôle où la créativité dans l’argumentation est importante, quant à l’accusé, tout est bon : c’est un rôle particulièrement intéressant à tester.
Une fois les rôles répartis, on place le local de manière à ce qu’il corresponde au schéma du procès et on lance les étapes suivantes.
(50 minutes)
Le procès proprement dit commence en suivant le déroulement fourni en Annexe. Cette partie est assez simple puisque, pour l’essentiel, les jeunes interagissent en fonction du contenu de leurs fiches. Cela dit, il existe une marge de liberté des personnes invitées à la barre pour répondre aux questions. En outre, l’animateur est susceptible d’intervenir dans le déroulement pour en accentuer l’apport éducatif.
(50 minutes)
Idéalement, cette étape se déroule après un temps de pause durant lequel les avocats et procureurs peuvent préparer leurs plaidoiries[1]. Selon le déroulement fourni, ils plaident les uns après les autres.
[1] Avec une aide plus ou moins substantielle des adultes, la durée de cette étape peut varier.
Cette fois-ci, c’est le jury qui se retire pendant que les autres acteurs sont en pause.
Le procès se clôture par la décision du jury. L’animation se conclut ensuite par un temps de débat avec les jeunes ainsi que par leur évaluation de l’ensemble de l’activité.
https://drive.google.com/open?id=1bCLZytP4GdSueizPnatNUplncDxMR4JT
Bruno Derbaix