La maïeutique est l’« art d’accoucher les esprits ». C’est la technique utilisée et prônée par Socrate pour aider chacun à découvrir ce qu’il sait déjà. À partir de l’idée que tout le monde est capable de trouver en lui-même les réponses à ses questions (d’où le principe « Connais-toi toi-même ! »), cette stratégie suppose de la part de l’animateur de développer l’usage de la question pour renvoyer les participants à ce qu’ils disent, à ce que cela veut vraiment dire, aux incertitudes qui pourraient se glisser parmi leurs certitudes.
La maïeutique suppose de prendre une posture de philosophe. Cela ne veut pas du tout dire n’implique pas d’qu’il faut avoir étudié la philosophie, mais bien de recourir à l’art de la question. « Que veut dire ce mot pour toi ? »,« Pourquoi dis-tu cela ? », « Quel est le principe de cet argument ? », « Quelles sont les bonnes raisons d’agir comme cela »… Nombreuses sont les questions qui, au fil des discussions, permettent de réfléchir aux principes, de clarifier sa pensée, de mieux comprendre les points d’accord et de désaccord.
Apprendre petit à petit à questionner les jeunes, c’est leur permettre de comprendre que le monde est moins certain qu’il n’y paraît. Il y a là un élément fondamental pour lutter contre toutes les formes de débats polarisants. C’est aussi leur faire comprendre que moins de certitude ne veut pas dire moins de vérité, ni forcément moins de bonheur. Pour beaucoup, comprendre mieux les principes d’une question s’accompagne d’un sentiment de progression, de fierté.
La maïeutique peut être utilisée dans quasi toutes les situations d’urgence. Si elle demande un peu d’entraînement au niveau de la technique, elle ne demande aucune préparation par rapport au sujet. Au contraire, elle place l’animateur dans la posture de celui qui veut découvrir et approfondir le propos des élèves. Elle est donc d’autant plus efficace que l’animateur témoigne de la curiosité dans son timbre et dans ses attitudes, en même temps que toutes ses questions seront des invitations à être rigoureux dans les raisonnements.
« Je ne comprends pas bien. Tu dis que « a » entraine « b » ?Mais ne pourrait-on pas aussi envisager qu’il pourrait entrainer« c » ?
Après une phase de maïeutique avec les élèves, il est régulièrement bon de faire le point avec eux ensemble sur les raisonnements qu’ils ont menés, de les synthétiser, et souvent de les écrire au tableau pour les fixer.
Une séance de questions-réponses-questions de ce type peut donc prendre place en urgence sur de multiples sujets, ce qui n’empêche absolument pas l’animateur de revenir sur le sujet dans une séance ultérieure, ayant entretemps fait des recherches pour mieux comprendre le sujet.
Dans une séance de maïeutique, si une réponse demande de faire des recherches, il n’est pas du tout interdit de proposer à l’un ou l’autre élève, en direct, d’aller surfer sur le Net ou de consulter un dictionnaire qui seraient directement accessibles.
Site répertoriant de multiples outils philosophiques :
https://www.philocite.eu/
Présentation de la maïeutique socratique par Oscar Brenifier :
https://www.philocite.eu/blog/wp-content/uploads/2017/11/PhiloCite_Presentation_Maieutique_Brenifier.pdf
Philo jeunes : Site québécois de ressources pédagogiques pour travailler les attitudes philosophiques avec les jeunes :
https://philojeunes.org/philojeunes/le-materiel-pedagogique/
Gilbert Jourdan, Une boîte à outils pour s’initier à la philosophie ou renouer avec elle,Espaces de liberté, 2010.